Un charnier potentiel a été signalé sur des terrains appartenant au Patriarcat Syriaque Catholique, situé dans la ville de Chabaniyeh (Chouf). Les autorités ont annoncé que les ossements découverts à cet endroit seraient d’origine animale (chèvres et chiens).
Les représentants des trois associations susmentionnées, accompagnées de Maitre Nizar Saghieh et du Dr Hussein Shahrour, médecin légiste, se sont rendus dans cette localité afin de se faire une opinion sur la question.
La délégation a été surprise de se voir refuser tout accès au site et ce, par la personne chargée par le patriarcat de garder les lieux, M. Maurice El Khel, par le maire M. Karim Sarkis ainsi que par un représentant des services de renseignements militaires. Ce dernier a informé par téléphone l’un des membres de la délégation de l’interdiction et lui a demandé d’obtenir la permission du procureur général pour que nous puissions visiter le site du potentiel charnier. La délégation a également été interdite de se rendre sur le site par les forces de sécurité intérieure.
La délégation a pu recueillir les témoignages de plusieurs habitants de la région parmi lesquels certains ont des membres de leurs familles portés disparus. Ces personnes n’étaient pas convaincues par la version officielle qui a été exprimée sans tenir compte de leur avis.
La délégation s’est également entretenue avec les témoins directs de la découverte des restes de cranes et d’ossements retrouvés enveloppés dans des sacs en nylon.
Le fait que les autorités aient empêché la délégation d’examiner les lieux, renforce nos doutes légitimes sur le fait que ces dernières ont sciemment occulté l’existence d’un charnier et notre conviction qu’un suivi est nécessaire afin de découvrir ce qui s’est réellement passé.
C’est pourquoi nous souhaitons informer l’opinion publique de la façon dont l’Etat libanais et ses services traitent avec légèreté la question des disparus, tout en occultant les faits, en niant la mémoire des victimes et le droit à la vérité pour leurs proches.
Nous appelons le Premier Ministre, le Gouvernement et tous les responsables :
A prendre des mesures immédiates de protection du site de Chabaniyeh afin d’en éviter toute altération – nos organisations mettent en garde contre toute manipulation du site, qui serait constitutif d’un délit.
A rouvrir le charnier d’une façon scientifique et en conformité avec les normes internationales utilisées dans l’exhumation de charniers en présence de représentants des comités de parents, et à mener une enquête sérieuse sous supervision judiciaire.
A conserver les preuves et les échantillons retirés du charnier et à assurer leur transfert vers des endroits appropriés à tous les égards, y compris en matière de sécurité.
A mettre l’accent sur la nécessité d’établir une commission nationale pour les familles des victimes de disparition forcée qui servira de référence officielle dans un tel cas et dans les cas similaires. Cette commission sera une garantie de crédibilité.
A inviter les responsables du patriarcat syro-catholique à répondre à nos demandes afin de faciliter leur mise en œuvre en conformité avec les principes moraux et humanitaires.
Beyrouth le 2 août 2011