Mandat et Objectifs

La FEMED a pour mandat de coordonner les efforts de ses associations membres en vue de faire toute la lumière

sur les cas de disparitions forcées du passé et du présent.


Les différentes missions de la FEMED :
  • Œuvrer pour la garantie de la non-répétition de ces crimes ;
  • Renforcer les capacités et les actions des associations membres de la FEMED ;
  • Promouvoir, former et renforcer les capacités des associations, en les orientant et les soutenant dans leurs démarches administratives et juridiques ;
  • Soutenir les actions des associations de familles des disparus ;
  • Soutenir la réparation et la réhabilitation à destination des familles de disparu(e)s et des disparu(e)s retrouvés ;
  • Sensibiliser l’opinion publique nationale et internationale ;
  • Connaître les lieux et les circonstances de la disparition ;
  • Révéler au grand jour les cas passés de disparition ;
  • Préserver la mémoire individuelle et collective ;
  • Retrouver les victimes de disparitions forcées qui sont toujours en détention ;
  • Faire la lumière sur le sort de toutes les personnes portées disparues.
Les différentes activités mises en œuvre par la FEMED :
  • Les formations des associations membres sur les mécanismes juridiques internationaux de protection de droits de l’homme, la médecine légale, etc. ;
  • Les missions de plaidoyer devant les Organisations internationales et les Institutions nationales et européennes ;
  • La participation aux séminaires à destination des associations sur des thèmes reliés aux disparitions forcées ;
  • L’organisation de conférences avec les associations sur le thème des disparitions forcées ;
  • Le recueil de témoignages sur le terrain et leur diffusion ;
  • La publication de la revue « Devoir de Vérité » ;
  • La promotion de la ratification de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.

Pourquoi nous battons nous?

Les effets d'une disparition forcée pour les victimes


L’homme est dans l’Histoire. C’est un être social qui vit dans un État, son histoire dans l’histoire de ses semblables. Cependant, l’Histoire de l’humanité nous prouve à plusieurs reprises que l’intersubjectivité n’a pas toujours été le théâtre de la paix perpétuelle, d’alacrité et de respect permanent des droits humains; l’Histoire de l’Homme, c’est malheureusement aussi, l’enchaînement effréné d'événements tragiques entre guerres sanglantes, absolutisme et négation constante de certains Hommes par d’autres Hommes. Ces abus de pouvoir de l’État, vont jusqu’à nous pousser à la réflexion sur la frontière entre celui-ci et l’état de nature. Dans cette relation conflictuelle des Hommes dans l’État, parmi tant de violation des droits humains, on retrouve les disparitions forcées. En anglais, on parle de « enforced disappearances» et depuis la dictature argentine de 1976, de «desaparecidos». Dans son récent roman Météorologue, sur la terreur totalitaire, Olivier Rolin va jusqu’à écrire : «la formidable machine à tuer est aussi une machine à effacer la mort». C’est témoigner toute l’ampleur de cette violation des droits humains.


La première réaction au niveau international vient de l’Organisation des États Américains (OEA) concernant les disparus au Chili suite au coup d’État de 1973. Elle fait suite aux manifestations de volonté de justice de la société civile et des familles de disparus en Amérique latine. Pour lutter contre les disparitions forcées dans un cadre global, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté progressivement plusieurs instruments internationaux dont une convention internationale contre la torture et les traitements inhumains et dégradants (1984) et une autre, pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées en 2006.


À ce jour, les disparitions forcées surviennent pratiquement dans tous les continents. Les chiffres exacts sur le phénomène sont difficiles à établir du fait du contexte sécuritaire dégradé qui prévaut dans certaines régions. Selon l’ONU, les ressortissants de pays comme la Colombie, le Mexique, l’Irak, la Syrie et la Lybie etc. sont couramment victimes de disparitions forcées.


La disparition forcée constitue une violation directe des droits de la victime mais au-delà, entraine aussi des conséquences pour sa famille et ses proches qui sont reconnus en droit international en tant que « victimes indirectes ».


D’abord, la victime directe, la disparition forcée constitue une violation indéniable de ses droits à la vie, à la sécurité de sa personne et de sa liberté (en générale). Le disparu ne peut non plus plaider légitimement sa cause devant un tribunal du fait de l’absence totale d’information sur son sort, son lieu de détention et les griefs qui lui sont reprochés. La disparition forcée est un acte de torture. La première raison est que, lorsqu’elle a lieu, il y a un fort risque que la personne détenue arbitrairement, soit physiquement torturée. Ensuite, la souffrance et l’angoisse endurées par la victime, par sa nette conviction qu’il est à la merci d’inconnus qui le détiennent et que, personne ne viendra le sauver, est en soi une autre forme de torture psychologique.


La deuxième catégorie de victimes est sans aucun doute, les familles, les proches, les amis des disparus et la société dans sa globalité. Lorsqu’une personne est victime de disparition forcée, indirectement les membres de sa famille se voient aussi privés d’un certain nombre de leurs droits fondamentaux. Le droit à la vérité est violé du fait de l’absence de toute information sur le sort et le lieu de détention du disparu ainsi que les raisons de la disparition. Et, aussi longtemps que ce droit ne sera pas respecté, leur droit à la justice ne le sera pas non plus. La réparation d’un tel crime, passe nécessairement par la mise en œuvre préalable de ces deux premiers droits fondamentaux. Aussi, en faisant disparaître une personne, on entraîne chez sa famille, la même angoisse psychologique ressentie par le bien-aimé disparu.


Dans certaines familles où les morts ne meurent vraiment qu’une fois enterrées conformément aux us et coutumes, c’est un véritable supplice. De ce point de vue, la dimension continue de la disparition forcée prolongera l’angoisse des familles et proches tant que la lumière ne sera pas faite sur le sort de la personne disparue.


Pour les enfants, la disparition forcée d’un père ou d’une mère, constitue une menace pour leur avenir. Leurs destins peuvent prendre une autre tournure du fait que le père ou la mère disparue ne peut plus leur garantir la sécurité morale, affective et surtout matérielle nécessaires à leurs bons développement et intégration socio-professionnelle futures. S’il n’y a plus de père ou de mère, plus d’école, plus de vacances etc.


Également, la disparition forcée peut avoir un effet indirect sur les amis et les collègues du disparu. Par exemple, lorsque la personne disparue est un défenseur des droits de l’homme, un opposant politique ou un journaliste, cela représente aussi pour tout le corps, une source constante de peur, et de sentiment d’insécurité. Ce sentiment récurrent d’être susceptible de disparaître est en soi, une violation de leurs droits à la liberté dans un sens large, à la sécurité de leurs personnes etc.


Enfin, la disparition forcée constitue une réelle menace pour la société toute entière. En effet, leur persistance est l’expression d’un monde d’insécurité dans lequel chaque homme représente un loup potentiel pour son prochain. Une dictature qui ne respecte ni le droit à l’indifférence, ni les libertés de conscience, d’opinion et d’expression. Il va s’en dire que les disparitions forcées traduisent, si besoin en est encore, l’échec de l’État à remplir la promesse qu’il nous avait faite : Celle de nous protéger de la violence qui prévaut à l’état de nature. L’État de la sécurité et de la liberté.


Dans un monde où la raison humaine est capable du pire et du meilleur, nous espérons encore, pouvoir atteindre un jour, une société où, nul ne sera victime - directe ou indirecte - de disparition forcée.