En avril 2025, les autorités égyptiennes ont poursuivi leur politique de renouvellement systématique des détentions provisoires visant journalistes, défenseurs des droits humains et militants. Ces prolongations reposent souvent sur des accusations répétées, notamment d’appartenance à un groupe terroriste et de diffusion de fausses informations. Les audiences se déroulent généralement de manière expéditive, sans la présence physique des détenus ni une défense effective.
Le Tribunal pénal du Caire, à travers ses chambres spécialisées dans la lutte contre le terrorisme, a ainsi prolongé la détention de centaines de personnes les 14 et 15 avril, parmi lesquelles plusieurs figures médiatiques et intellectuelles reconnues. On compte notamment l’économiste Abdel Khaleq Farouk, la journaliste Donia Samir, le dessinateur Ashraf Omar, ainsi que d’autres journalistes et activistes.
Cas emblématiques de renouvellements de détention provisoire
Le 6 avril, le journaliste et poète Ahmed Serag a vu sa détention renouvelée pour 15 jours, dans le cadre d’une enquête pour appartenance à un groupe terroriste et diffusion de fausses nouvelles. Son arrestation fait suite à une interview révélant des irrégularités lors de l’arrestation du dessinateur Ashraf Omar. Sa détention a de nouveau été prolongée le 20 avril.
Le 8 avril, le journaliste Mohammed Saad Khattab a été maintenu en détention pour 45 jours supplémentaires, accusé des mêmes faits, tout comme son collègue Ahmed Bayoumi.
Le 9 avril, l’activiste du Mouvement 6 avril Sherif Al-Roubi a vu sa détention prolongée pour 45 jours, sans avoir pu être présenté devant un juge, ni être défendu, en violation du droit.
Le 22 avril, le journaliste Mustafa Mohammed Saad, détenu depuis plus de sept ans, a vu son maintien en détention prolongé alors que sa situation dépasse les limites légales.
Une pratique de « rotation » des inculpations pour prolonger les peines
Ces renouvellements s’inscrivent dans une logique plus large de répression, où la justice égyptienne utilise la multiplication et la succession des dossiers pour maintenir en détention des opposants et journalistes, même après expiration des délais légaux.
Parmi les cas symboliques, le journaliste Badr Mohammed Badr, en prison depuis 2017, voit sa détention prolongée malgré une ordonnance de libération de 2019, grâce à l’ouverture successive de nouvelles procédures. De même, la traductrice Marwa Arafa, arrêtée en 2020, reste détenue sans jugement définitif, tandis que la défenseure des droits humains Hoda Abdel Moneim, après avoir purgé une peine de cinq ans, est à nouveau poursuivie sur des accusations similaires, illustrant la pratique systématique de la « rotation » des poursuites.
Un climat de répression qui met en danger la liberté d’expression et la société civile
Ces pratiques judiciaires, en plus d’enfreindre les droits fondamentaux tels que le droit à un procès équitable et la présomption d’innocence, constituent une attaque systématique contre la liberté d’expression, la presse libre et les défenseurs des droits humains en Égypte.
Notre ONG condamne fermement ces violations et appelle la communauté internationale à exercer une pression accrue pour garantir le respect des droits humains et la libération immédiate de toutes les personnes détenues arbitrairement.
Source de la photo : Le Caire, 28 avril 2016. Des journalistes manifestent devant le syndicat de la presse. Sur la bannière, le slogan : « le journalisme n’est pas un crime ». neweurope.eu.
Photo d'illustration issue d'un article de Moustapha Baissouni, "Égypte. Une loi pour achever la presse", pour Orient XXI, 28.8.2018.