Il y a trente ans, en juillet 1995, l’un des crimes les plus atroces perpétrés sur le sol européen depuis la Seconde Guerre mondiale se déroulait sous les yeux du monde. Entre le 11 et le 16 juillet, plus de 8 000 hommes et garçons bosniaques étaient systématiquement exécutés par les forces serbes de Bosnie sous le commandement du général Ratko Mladić, dans l’enclave de Srebrenica, pourtant déclarée « zone de sécurité » par les Nations unies. Ce massacre, reconnu juridiquement comme un génocide par les instances internationales, continue d'incarner l’échec tragique de la communauté internationale à protéger les civils durant la guerre de Bosnie-Herzégovine (1992-1995).
Une mémoire encore vive, un deuil toujours inachevé
Aujourd’hui encore, des milliers de familles attendent que la lumière soit pleinement faite sur le sort de leurs proches. À ce jour, plus de 80 % des victimes ont été identifiées et inhumées, grâce à un travail rigoureux de recherche et d’exhumation. Néanmoins, près d’un millier de personnes demeurent portées disparues. Chaque année, lors des commémorations au mémorial de Srebrenica-Potočari, de nouveaux corps, souvent incomplets, sont enfin confiés à la terre. Cette année, sept nouvelles victimes rejoindront leurs proches dans les rangées silencieuses du mémorial, parmi elles deux jeunes hommes de 19 ans et une femme de 67 ans.
La douleur de l’absence et de l’attente s’exprime avec une dignité bouleversante. « Depuis trente ans, nous portons cette souffrance dans nos âmes. Nos enfants ont été assassinés dans une zone censée être protégée par l’ONU. L’Europe et le monde ont regardé en silence », témoigne Munira Subašić, présidente de l’association des Mères de Srebrenica, dont le mari et le fils de 17 ans ont été tués.
Un génocide nié, une mémoire contestée
Malgré les condamnations à perpétuité prononcées par les tribunaux internationaux contre les responsables politiques et militaires des Serbes de Bosnie, dont Radovan Karadžić et Ratko Mladić, le déni du génocide demeure ancré dans certains discours politiques, en particulier au sein de la République serbe de Bosnie. Début juillet encore, son président, Milorad Dodik, a nié la réalité même du génocide. Ce révisionnisme alimente les tensions persistantes dans une société bosnienne toujours profondément marquée par les divisions ethniques.
Dans ce contexte, le travail de mémoire reste difficile et profondément politique. Le vote de l’Assemblée générale des Nations unies, en 2024, instaurant le 11 juillet comme Journée internationale de commémoration du génocide de Srebrenica, représente un pas important dans la reconnaissance des faits et dans la construction d’une mémoire collective internationale. Ce geste symbolique reste toutefois vivement contesté par la Serbie, illustrant combien la route vers la justice et la réconciliation est encore longue.
Un message de solidarité de la FEMED
En ce 11 juillet 2025, la FEMED rend hommage aux 8 000 victimes du génocide de Srebrenica. Nous exprimons notre solidarité avec les familles et les survivants, et réaffirmons notre engagement pour la vérité, la justice et la mémoire.
Source de la photo : Un drapeau bosniaque sur une pierre tombale au centre de commémoration des personnes tuées lors du génocide de Srebrenica à Potocari, en Bosnie, le 11 juillet 2025. ARMIN DURGUT/AP, dans LE MONDE