Assassinat du grand militant des droits de l’Homme et défenseur syrien des droits de l’homme, M. Asef Ibrahim Nayouf

Les membres et amis des Comités pour la défense des libertés démocratiques et des droits de l’homme en Syrie (CDHR), de la Fédération syrienne des droits de l’homme, ainsi que des organismes et centres engagés dans la défense des droits fondamentaux, ont accueilli avec une immense tristesse et une profonde consternation la tragique nouvelle de l’assassinat de notre estimé collègue, M. Asef Ibrahim Nayouf. Figure éminente du militantisme syrien en faveur des droits de l’homme et personnalité médiatique reconnue, il a été brutalement arraché à la vie le samedi 7 mars 2025, dans la ville côtière de Banias, située dans le gouvernorat de Tartous, lors des terribles massacres qui endeuillent actuellement la région.

Né le 15 juin 1976 dans le village de Barmaya, sur la côte de Banias, Asef Ibrahim Nayouf était diplômé de la Faculté des médias de l’Université de Damas en 2022. Son engagement indéfectible en faveur des droits humains l’a conduit à prendre part à de nombreuses initiatives et rassemblements internationaux. Il a notamment contribué aux travaux de l’Assemblée générale des Comités pour la défense des libertés démocratiques et des droits de l’homme en Syrie en 2003 au Caire, en 2006 à Damas et en 2008 à Homs. Son rôle au sein du conseil d’administration de cette organisation a perduré jusqu’à son dernier jour.

Parmi ses multiples engagements, il fut un acteur clé de l’Assemblée constituante du Réseau électoral du monde arabe en Jordanie en 2006 et l’un des fondateurs du Centre syrien de surveillance des élections. Il a également joué un rôle majeur dans l’émergence du Réseau des formateurs pour les droits de l’homme en Syrie en 2007 et dans la fondation de la Fédération syrienne des droits de l’homme en 2014. Son action ne s’est pas arrêtée là : il a pris part à la création du Réseau pour la paix civile et la sécurité communautaire en Syrie en 2014, du Centre de Palmyre pour la lutte contre la discrimination à l’égard des minorités en 2015 et de la Fondation nationale pour le soutien aux procès équitables en 2016. Il a également contribué à la mise en place de l’Association des juristes syriens pour la justice transitionnelle et l’État de droit, ainsi qu’au Réseau de défense des femmes en Syrie en 2017.

Son engagement contre la peine de mort l’a conduit à co-fonder la Coalition syrienne contre la peine capitale en 2007. Il fut également l’un des initiateurs du Forum syrien des organisations non gouvernementales la même année. Soucieux d’instaurer un dialogue entre toutes les composantes de la société syrienne, il a participé à la création du Conseil civil pour la paix en Syrie, rassemblant des représentants de toutes origines ethniques et confessionnelles. Il a aussi marqué de son empreinte le programme de formation « Autonomisation des cadres et dirigeants des partis et blocs politiques sur les concepts de tolérance, de coexistence et d’acceptation de l’autre », organisé en 2013 par les Comités pour la défense des libertés démocratiques et des droits de l’homme en Syrie. Son engagement s’est également illustré dans de nombreux ateliers de formation, tant au niveau local que régional et international. Depuis 2019, il œuvrait à la création de la Ligue syrienne pour la défense des droits des travailleurs, dont le siège a été incendié et les archives réduites en cendres. Il s’était également investi dans l’établissement du Centre syrien pour l’éducation aux droits de l’homme, lequel a subi un sort similaire.

Asef Ibrahim Nayouf restera dans les mémoires comme un homme de principes, dont le combat inlassable pour la justice, la dignité et les droits fondamentaux ne connaissait ni relâchement ni compromis. Son action transcendait les clivages et les appartenances, rassemblant autour de lui Syriens de toutes sensibilités, unis par un respect sincère pour son engagement et son courage. Défenseur inébranlable de la souveraineté de son peuple et de la promotion des valeurs universelles des droits humains, il a payé de sa vie le prix de son combat acharné contre l’oppression et l’injustice.

Au nom de ses collègues, des membres et amis de la Fédération syrienne des droits de l’homme, des organismes, organisations et centres de défense des droits fondamentaux, ainsi qu’au nom de tous les militants des droits humains en Syrie et à travers le monde, nous adressons nos plus sincères condoléances à son épouse, l’ingénieure Nahla Jeep, à sa famille, à ses proches, à ses amis et à ses compagnons de lutte.

Que sa mémoire demeure une source d’inspiration pour tous ceux qui poursuivent le combat pour la liberté et la justice.