La guerre au Kosovo de la fin du siècle dernier a favorisé les crimes à grande échelle et eut de nombreuses et diverses conséquences pour les kosovares. Les pires destructions furent commises au sein de la population, surtout entre 1998 et 1999, lorsque de graves crimes contre l’humanité furent perpétrés. Ils ont concerné tous les âges et tous les sexes. Les crimes serbes ont touché la population des zones urbaines et rurales, furent dirigés et concentrés sur les populations vulnérables kosovares et albanaises. La Serbie fut entièrement responsable de ces crimes. Pendant la guerre et particulièrement pendant l’année 1999, des massacres de masse ont été commis à l’encontre de citoyens non armés, des viols de masse ont été perpétrés sur des femmes albanaises se trouvant au Kosovo et des populations entières ont été déportées hors du territoire kosovar.
Une véritable organisation de ces crimes de guerre vit le jour afin d’atteindre les objectifs militaires des ces forcées armées. Y figure la suppression des traces de crimes par la création de la catégorie des « personnes disparues ». Les traits caractéristiques de ses crimes de dissimulation sont le fait de faire disparaitre les traces de crimes et de perdre toute possibilité de pouvoir identifier les victimes. Malheureusement, dix-sept ans après la guerre, tout comme de nombreux pays dans le monde, les Kosovars sont toujours hantés par le spectre des personnes faites disparues par un gouvernement puissant et criminel.
Au Kosovo, les familles des personnes disparues doivent adresser leurs plaintes aux institutions locales qui n’ont pas conscience de leur rôle quant à la saisine des institutions internationales compétentes en la matière. A l’échelle nationale, 1966 personnes considérées comme disparues et dans le municipalité de Suharekë, où l’association « Shpresimi » agit, les familles de ces personnes recherche encore 121 individus.
Les activités des associations de familles de disparus reposent sur les textes de conventions internationales des droits de l’Homme et cherchent à apprendre le sort advenu à leurs proches. Mais les résultats des identifications et localisations des fosses communes n’ont pas été satisfaits au regard des familles des victimes. L’organisation d’hommages aux disparus ainsi que la constitution de listes des personnes recherchées ont accentué la pression sur la Serbie au moment de l’ouverture des archives de l’armée et de la police. Ces sources contiennent les informations qui mèneraient à la localisation des 1966 personnes considérées comme disparues.
Des groupes de parole à propos du sort des personnes disparues ont été mis en place par la Croix rouge internationale entre Pristina et Belgrade. Cependant les réticences serbes ont amoindri la qualité des échanges. C’est pourquoi les membres des familles des disparus demandent au gouvernement kosovar de soumettre cette question à Bruxelles. Cela permettrait d’assurer aux familles des victimes que la question des disparitions sera résolue en accentuant la pression sur la Serbie à propos des localisations des fosses communes présentes sur son territoire et au Kosovo.
Le parlement kosovar a voté l’établissement d’une journée nationale des personnes disparues le 27 avril. Cette année, elle était organisée par le village de Meja, dans lequel des atrocités furent commises envers 377 citoyens kosovars et albanais par les forces armées et policières serbes pendant la guerre de 1999. En cette journée marquée par le chagrin, différentes communautés et individus venant de tout le Kosovo se rassemblent pour participer à des cérémonies commémoratives à l’honneur de toutes les personne tuées ou disparues pendant la guerre du Kosovo. Des figures politiques kosovares ainsi que des membres d’institutions er organisations internationales ayant accréditation pour le Kosovo étaient aussi présentes.
Le Président de la République du Kosovo, M. Hashim Thaci, fit la promesse de mettre le plus tôt possible tous les moyens en place afin de faire la lumière sur le sort des personnes disparues, en actionnant les mécanismes institutionnels compétents et appela à en faire une priorité dans les échanges avec la Serbie et Bruxelles.
Le président de la commission gouvernementales pour les personnes disparues tint aussi un discours, dans le lequel il mentionna les activités à l’échelle nationale concernant le sort et l’importance des disparus. L’exhumation de deux fosses sur le territoire serbe, près de Novi Pazar dans le Kozarevo et Krizhevak près de Raška ont rencontré des obstacles technique mais aussi institutionnels, provoqués par la Serbie. De plus, le coordinateur du conseil d’administration de l’association des familles de disparu(e)s « April 27 », M. Haki Sadriu, demanda au nom des familles que les organisations locales et internationales de protection des droits de l’Homme s’engagent plus sur la question des disparu(e)s afin de faire la lumière sur leur sort le plus tôt possible, à cause des énormes souffrances que les membres de leur famille endurent et qu’ils sont à bout. Jusqu’ici, beaucoup de promesses ont été faites dans le sens que beaucoup d’effort seront faits à l’égard des disparitions forcées, cependant très peu de familles reçurent des informations concernant leur propres.
Suharekë, mai 2016
Halit Berisha & Destan Berisha