L’Arménie prend partiellement le contrôle de ses frontières pour la première fois depuis 32 ans

L'Arménie franchit un cap historique en récupérant partiellement le contrôle de ses frontières, un processus qui se déroulera progressivement à partir du 1er janvier 2025. Depuis 1992, les troupes russes assuraient la sécurité des frontières arméniennes avec l'Iran et la Turquie, mais un nouvel accord entre Erevan et Moscou, annoncé en octobre 2024, prévoit que les gardes-frontières russes se retirent d’un poste de contrôle à la frontière avec l’Iran. Cependant, les Russes resteront présents pour surveiller la majorité de la frontière, et les troupes arméniennes prendront en charge uniquement ce poste spécifique.

Cette décision s'inscrit dans la volonté de l’Arménie de réduire son dépendance à la Russie et d'affirmer sa souveraineté, marquant un changement stratégique dans ses relations avec Moscou. Le retrait partiel des troupes russes symbolise un rapprochement de l'Arménie avec d'autres acteurs régionaux, tout en préservant la coopération avec la Russie. La gestion partagée de la frontière avec la Turquie, où les forces russes continueront de jouer un rôle, souligne également la complexité de cette transition.

Pour la Russie, ce désengagement partiel représente un tournant stratégique, car il reflète un changement dans la manière dont elle exerce son influence dans la région. Après l’invasion de l'Ukraine, la Russie semble privilégier une approche plus pragmatique et moins autoritaire dans ses relations avec ses anciens alliés. En contrepartie du retrait, l’Arménie pourrait autoriser la Russie à participer à la construction d'infrastructures reliant l’Azerbaïdjan au Nakhitchevan, un exclave azerbaïdjanais, via le territoire arménien.

Cette évolution marque un tournant pour l’Arménie, qui cherche à diversifier ses alliances et réduire son ancrage dans la sphère d’influence russe. Le pays entend regagner progressivement son autonomie tout en maintenant des liens stratégiques avec ses voisins et les grandes puissances, dans un contexte régional toujours instable.

Source de la photo : Andrej Ivanov / 2023 / Archives Agence France-Presse