En Irak, le Parlement accepte la démission du Premier ministre Adel Abdel Mahdi, annoncée deux jours plus tôt. Ce vote a lieu dans un climat de deuil national alors que les manifestations, débutées deux mois auparavant, se poursuivent malgré une répression sanglante qui fait plus de 420 morts. La contestation, d’abord concentrée dans le sud chiite, s’étend désormais aux régions sunnites, jusqu’ici en retrait. Le Parlement demande au président Barham Saleh de nommer un successeur, tandis qu'Abdel Mahdi reste chargé des affaires courantes.
Cette démission intervient juste après un appel du grand ayatollah Ali Al-Sistani, figure religieuse chiite influente, à un changement de gouvernement. Sa déclaration renforce la pression sur les dirigeants, dans un contexte de mobilisation massive contre le pouvoir en place et l’ingérence iranienne perçue. Les manifestants continuent de dénoncer une classe politique jugée corrompue et déconnectée, responsable de la mauvaise gouvernance et des inégalités.
Sur le terrain, les défilés prennent l’apparence de processions funèbres, avec des foules habillées de noir en hommage aux manifestants tués, notamment à Nassiriya et Nadjaf. Même à Mossoul, bastion sunnite du nord, des étudiants se mobilisent pour la première fois. Cette solidarité nationale illustre l’ampleur du mouvement, qui dépasse les clivages confessionnels traditionnels en Irak.
Dans plusieurs provinces sunnites et chiites, des jours de deuil et de congé sont décrétés pour honorer les morts de la contestation. Les habitants, bien que souvent réticents à s’exprimer par peur des accusations de soutien à l’ex-régime ou à des groupes extrémistes, rejoignent peu à peu les rangs des protestataires. La population exprime une colère partagée contre un système qu’elle juge inefficace et gangrené par la corruption.
Pour les manifestants, la démission d’Abdel Mahdi ne suffit pas. Ils réclament un changement en profondeur du régime politique mis en place après 2003, estimant que ce système, dominé par des partis confessionnels et soutenu par l’Iran, est la source principale de l’instabilité, de la pauvreté et de la corruption dans un pays pourtant riche en ressources pétrolières.