Nassera Dutour, mère de disparu, membre fondatrice et porte-parole du Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA) et présidente de la Fédération euro-méditerranéenne contre les disparitions forcées (FEMED), a reçu dimanche 13 novembre 2011, le prix Oscar Romero des droits de l’Homme de la Chapelle Rothko à Houston, aux Etats-Unis.
Le prix Oscar Romero a été crée en 1986 en l’honneur de l’archevêque de San Salvador, assassiné le 24 mars 1980, pour s’être fréquemment opposé à la dictature militaire au Salvador et avoir dénoncé les massacres, les assassinats, la torture, les disparitions, et autres atteintes aux droits de l’Homme.
Pour la deuxième fois, le prix Oscar Romero est attribué à des défenseurs des droits de l’Homme algériens. Après Salima Ghezali et Ali Yahia Abdennour en 1997, le prix récompense cette année Nassera Dutour pour le travail mené inlassablement, depuis la disparition de son fils en 1997, contre l’impunité et en faveur de la vérité sur le sort de plus de 8 000 disparus enlevés par les agents de l’Etat, dans les années 1980, en Algérie.
Juan E. Méndez, président du Comité consultatif du prix Romero 2011 et rapporteur spécial de l’ONU contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains et dégradants, a déclaré que “ Osacr Romero (...) ne craignant pas d’affronter un régime salvadorien qui n’a pas hésité à faire taire sa voix. Il est donc normal que cette année, le Prix Oscar Romero des droits de l’Homme honore Nassera Dutour, une femme qui travaille sans relâche pour faire entendre la voix des familles de disparus en Algérie malgré les pressions des autorités algériennes pour les faire taire”.
Lors de la cérémonie de remise du prix, Nassera Dutour a insisté sur le fait que “les réformes en cours en Algérie restreignent de plus en plus les libertés individuelles et collectives, la situation est inquiétante. Malgré cela, grâce à la vigilance, au travail des acteurs de la société civile et au soutien de la communauté internationale ou d’organismes tels que la chapelle Rothko, il est permis de croire qu’un renouveau démocratique finira par advenir en Algérie. Ainsi, les victimes des années 1990 pourront obtenir la création d’une commission d’enquête indépendante et impartiale qui établira les responsabilités des uns et des autres dans le déclenchement et le déroulement du conflit”.