Après avoir suspendre ses activités par le ministère d’intérieur le 11 novembre 2017 suite à la déclaration de l’état d’urgence en Turquie prévu dans l’article 11, l’association Pour La Solidarité et Soutien des Familles de Personnes Disparues (YAKAY-DER), membre de la Fédération euro-méditerranéenne Contre les Disparitions Forcées (FEMED) a été définitivement interdite et fermée et ses avoirs ont été saisis. Cette suspension et maintenant la fermeture ont été annoncées sans que la raison ne soit précisée, et ne sont pas susceptibles de recours.
En vertu du décret exécutif n° 677 adopté par le gouvernement turc le 22 novembre 2017, YAKAY-DER fait partie de 375 associations et organisations non gouvernementales qui ont été déclarées officiellement fermées définitivement, parmi celles-ci, des dizaines d’organisations nationales de défense des droits humains, des droits des femmes et des enfants, des associations culturelles locales, des associations d’aide humanitaire aux personnes en précarité, et des associations étudiantes.
Fondée à Istanbul en 2001, YAKAY-DER avait pour but de dévoiler les causes de morts anormales et de disparitions involontaires des individus mais aussi d’approvisionner les familles de disparus en solidarité et soutien dont elles ont besoin.
La FEMED, et au nom de ses 26 associations membres, condamne cette acte abusée et désespérée de l’État turc pour réduire au silence les voix dissidentes qui consistent l’unique lueur d’espoir pour la renaissance des droits humains, et les droits des victimes de disparition forcées en particulier. En outre, elle regrette cette monstrueuse répression de l’exercice du droit à la liberté d'association ainsi que la fragilité de l’État turc face aux critiques qu’il décide d’abuser de son pouvoir afin de faire taire toute sorte de résistance.
La FEMED demande aux autorités d’abroger le décret n° 677 et de revenir immédiatement sur la décision de suspendre et fermer ces associations et ONG déclarées. Elle appelle également à la solidarité nationale pour faire face à la répression des autorités visant à décourager les familles de disparus et leurs amis qui soutiennent leur quête de vérité et de justice. Finalement, elle insiste que, au mépris de la perte d’un membre essentiel de ses activités en Turquie, elle y continuera à chercher le sort des disparus et à supporter leurs victimes.
Paris, le 17 janvier 2017
Contact presse :
Nassera Dutour, Présidente de la FEMED
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