Que ce soit en Espagne sous le régime franquiste, en Algérie pendant la décennie noire, dans les Balkans pendant les guerres de Yougoslavie, en Irak ou en Syrie, les disparitions forcées ont, sans conteste, un impact majeur sur les femmes ; en cela que dans les sociétés patriarcales, à l’intersection de différents rapports de domination, les femmes subissent d’évidentes violences, prenant de multiples formes, notamment lorsqu’elles sont victimes de disparitions forcées.
En effet, l’article 24 de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées précise que la qualification de “victime” relève de la personne disparue et toute personne qui a subi un préjudice direct du fait d’une disparition forcée. Ainsi, les femmes sont fréquemment exposées aux conséquences psychologiques, sociales, économiques ou encore juridiques d’une disparition forcée. Dans de nombreuses sociétés du pourtour méditerranéen, en l’absence de l’homme disparu, couplée à une législation nationale et aux normes sociales, intensifie la marginalisation et les multiples formes d’oppression que subissent déjà les femmes. Naturellement, ce sont aussi ces mêmes femmes qui deviennent les défenseuses des droits et/ou des opposants aux régimes. Dès lors, elles s’exposent à diverses formes de violences, d’intimidations et de persécutions.
Afin d’attirer l’attention d’un large public, la FEMED a organisé, à l’occasion de la journée internationale pour les droits des femmes, une conférence intitulée “Femmes et disparitions forcées : une double peine”, le 17 Mars 2023, à Paris. Via de multiples interventions, la FEMED a rendu hommage aux luttes et aux combats menés par les femmes proches des personnes disparues. Les intervenants de cette conférence furent Emmanuel Janeau, membre du conseil d’administration d’Amnesty International France ; Jérôme Benzimra-Hazan, membre de l’Institut des Hautes Etudes Internationales (IHEI) ; Rowaida Kanaan, journaliste et militantes des droits de l’Homme et membre du secrétariat général du Mouvement politique des femmes syriennes ; et Ali Marie, officier de protection et travailleur humanitaire, spécialisée dans le droit international.