Comité de coordination des familles des disparus et des victimes de la disparition forcée au Maroc.
Communiqué à l’occasion de la Journée internationale des victimes de disparition forcée.
La vérité, toute la vérité sur le sort des disparus et l’ensemble des violations graves des droits humains.
Les disparitions forcées ont souvent servi de stratégie pour faire régner la terreur dans la société. Le sentiment d’insécurité résultant de cette pratique ne se limite pas aux proches de la personne disparue, mais touche aussi la communauté et l’ensemble de la société. Alors qu’elles étaient très répandues au sein des régimes totalitaires, les disparitions forcées sont perpétrées dans des situations complexes, en particulier comme moyen de répression politique des opposants.
L’Assemblée générale des Nations Unis se saisit de cette question et proclame le 30 août Journée internationale des victimes de disparition forcée, célébrée depuis 2011.
A cette occasion nous, Comité de coordination des familles des disparus et des victimes de la disparition forcée au Maroc, rappelons que le Maroc n’a connu ni guerre civile, ni guerre de factions dont peuvent résulter des disparitions et dont l’élucidation demanderait lieu à tout un travail d’enquête et d’investigation. Non, les disparitions ont été perpétrées par un régime fort et bien structuré. De ce fait, personne ne peut croire que l’État ignore la vérité. Personne ne peut croire que l’État ignore l’identité et le nombre de disparus qui sont encore en vie, le lieu de leurs séquestrations et les circonstances de leurs disparitions.
L’histoire peut encore se conjuguer au présent. En effet, le régime marocain n’a jamais supporté la moindre contestation. Si les méthodes changent, l’esprit lui ne change pas. Les victimes des violations graves des droits humains au Maroc ont le droit à la vérité, toute la vérité.
C’est pourquoi en tant que familles des disparus et des victimes de la disparition forcée au Maroc tenons à rappeler que l’établissement d’un état de droit passe par :
- l’exigence de vérité
- l’exigence de justice (qui ne peut se passer de la nécessité de mettre fin à l’impunité érigée comme système)
- l’exigence de la libération de tous les disparus encore en vie
- l’exigence de restituer les dépouilles à leurs familles
- l’exigence de la divulgation du sort des disparus de tous les disparus.
- l’exigence de l’identification par ADN et la restitution des dépouilles aux familles,
- l’exigence de prendre les mesures urgentes pour la conservation de la mémoire,
- l’éviction des criminels responsables des violations graves des droits humains de leur fonction.
Il faut donc faire de l’abolition de l’impunité et de l’établissement de la vérité et de la justice l’objectif permanent qui ne serait ni monnayable ni négociable et préparer les conditions de rapports de forces qui nous permettront de l’atteindre et ce n’est que dans ces conditions que nous pouvons imposer notre conception de la commission vérité.
Les autorités marocaines et leurs instruments (CNDH, gouvernements et relais de toutes sortes) ne peuvent fuir leurs responsabilités et se doivent d’assumer jusqu’au bout l’exigence de cette vérité tant attendue par les victimes et leurs familles.
Fait à Casablanca le 30 août 2015
Comité de coordination des familles des disparus et des victimes de la disparition forcée au Maroc.