Journée internationale des victimes de disparition forcée – 30 août 2017

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Les Nations Unies ont déclaré le 30 août comme étant la journée internationale pour les victimes de disparitions forcées. Pour cette occasion, la Fédération Euro-Méditerranéenne contre les disparitions forcées (FEMED), Amnesty International France, le Collectif des Familles de Disparus en Algérie (CFDA), l’Association de Parents et Amis de Disparus au Maroc (APADM), le Forum marocain pour la Vérité et la Justice (FMVJ), le Collectif Argentin pour la Mémoire, et le Collectif Paris-Ayotzinapa ont organisé une conférence et un rassemblement place de la République le 1er et 2 septembre 2017.

En parallèle, une campagne de sensibilisation sur les réseaux sociaux a été lancée. Chaque jour, la FEMED a posté sur Facebook et twitter l’histoire d’un disparu qui relate à côté de la photo de la personne disparue, le contexte de sa disparition, l’attente de sa famille et le nombre de jours s’étant écoulé depuis sa disparition. Plusieurs dizaines de personnes ont aimés et partagés ces histoires, résultant en une hausse de 775% des mentions « j’aime » sur notre page et permettant aux victimes de disparition forcée de ne pas être oubliées du grand public.

I) Conférence, le 1er septembre 2017


La Conférence a été organisée le vendredi 1er septembre sur le thème « Vérité et Justice pour les familles de disparus ». Celle-ci s’est déroulée dans les locaux d’Amnesty International France de 18h30 à 21h30. Une centaine de personnes ont pu assister à cet évènement.

Cette conférence a été divisée en deux parties, entrecoupées de projections vidéo. Une interview de Nassera Dutour, réalisée dans le cadre de la campagne des Nations unies pour la ratification de la Convention pour la protection de toutes les personnes contre la disparition forcée, a ainsi été projetée. D’autres clips de cette campagne, sur les disparitions forcées au Mexique, en Thaïlande et sur le Jardin des disparus, ont également été diffusés et ont été suivis d’un extrait de film sur la recherche des fosses communes au Mexique.

Durant la première partie de la conférence le public a pris connaissance de l’Ambassadeur pour les droits de l’Homme, S.E. François Croquette, qui a ainsi pris la parole pour parler du phénomène des disparitions forcées et de ses différentes formes au cours des époques. Il a également parlé de l’action diplomatique qui a été déployé par la France pour lutter contre cette pratique. Emmanuel Decaux, ancien président du Comité des disparitions forcées des Nations unies, a pris la suite afin de rappeler l’importance de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées et de la nécessité de sa ratification et de son respect par les États. Il s’est également exprimé sur le rôle du Comité des disparitions forcées et sa complémentarité avec le Groupe de Travail sur les Disparitions Forcées ou Involontaires.

Geneviève Garrigos, ancienne présidente d’Amnesty International France, a enchainé avec une triste description des disparitions dans le monde et de ses rencontres avec les familles de disparus. Rachid El Manouzi, Vice-président de la FEMED et Nassera Dutour, Présidente de la FEMED, ont clôturé cette première partie de conférence en apportant des témoignages sur leurs histoires personnelles et des explications sur la FEMED et les activités qui sont mises en place pour lutter contre ce phénomène de disparitions forcées.

C’est le porte parole du Collectif Argentin pour la Mémoire qui a démarré cette deuxième partie de la conférence en rappelant l’histoire des disparitions forcées en Argentine et les différents procès qui se sont déroulés. Un militant des droits de l’Homme égyptien a quant à lui évoqué la situation en Égypte, rappelant ainsi que la pratique des disparitions forcées est en recrudescence ces dernières années. Il a, de plus, parlé des conditions de détention des personnes disparues, ayant été lui-même incarcéré dans une prison au Caire. Enfin, une représentante du Collectif Paris-Ayotzinapa a rappelé le contexte du Mexique et le cas emblématique d’Ayotzinapa. Elle a également parlé des fosses communes au Mexique et plus particulièrement de la façon dont les familles de disparus pallient les défaillances de l’État, en cherchant eux-mêmes ces fosses, malgré le danger.

Ces prises de paroles ont été suivies d’échanges avec le public, certaines personnes ont ainsi pu témoigner de leur expérience, à la fois comme victime directe de disparition forcée ou en tant que proche de disparu.

Cette conférence s’est clôturée par un mot de Geneviève Garrigos. Un buffet a suivi et le public a ainsi pu interagir avec les intervenants pour approfondir ces thématiques. Cet évènement a permis à des personnes de tous horizons de se connaitre, de se rencontrer et de se réunir afin de lutter de façon commune contre les disparitions forcées.

II) Rassemblement, le 2 septembre 2017


Le rassemblement public s’est tenu place de la République le samedi 2 septembre de 14h à 20h. Une dizaine de personnes se sont portées volontaires pour installer les tentes, expositions photos et stands de documentations qui étaient proposés lors de ce rassemblement. Des gâteaux et du thé étaient aussi mis à disposition des visiteurs venant s’informer sur la réalité des disparitions forcées auprès des différentes organisations représentées.

Le Collectif Paris-Ayotzinapa, le Collectif argentin pour la mémoire ainsi que la FEMED ont chacun installé un stand de documentation comprenant des livres, des magazines, des brochures ainsi que des pétitions pour informer le grand public sur leur travail et sur la réalité des disparitions forcées dans chaque pays dont ils s’occupent. Chaque association a aussi affiché des dizaines de photos de victimes de disparitions forcées ainsi que de leurs activités, permettant au public de s’informer de manière ludique sur le combat pour la vérité et la justice à travers le monde.

En milieu d’après-midi, Sofia et Estéban du Collectif Paris-Ayotzinapa nous ont fait l’honneur de chanter des mélodies touchantes et militantes en espagnol, attirant ainsi nombre de visiteurs. Il s’en est suivi une prise de parole par plusieurs représentants d’associations.

Tout d’abord, la FEMED a été représentée par sa présidente et son vice-président, venus expliquer les missions et activités de la FEMED mais aussi la réalité de leur combat au quotidien et de la recherche de leurs proches disparus dans leurs pays respectifs, à savoir l’Algérie et le Maroc.

Geneviève Garrigos, ancienne présidente d’Amnesty International France, a ensuite pris la parole afin d’adresser le problème des disparitions forcées à travers le monde et la nécessité de continuer le combat unis.

Ce fut ensuite le tour des représentants du collectif argentin pour la mémoire ainsi que de l’association HIJOS Paris de prendre la parole. Ce fut alors l’occasion de rappeler au public que malgré la fulgurante évolution en Argentine et les procès qui s’y sont déroulés afin d’incriminer les responsables de disparitions forcées, beaucoup de cas restent non-résolus et que la première disparition forcée depuis la fin de la dictature venant de se produire, il était primordial de continuer le combat, l’héritage des grands-mères de la place de mai.

Puis le collectif Paris-Ayotzinapa a pris la parole afin d’exposer la situation au Mexique et expliquer que celui-ci traverse actuellement le second conflit armé le plus violent du monde, ainsi qu’afin de raconter le quotidien des familles de disparus dans le pays, cherchant des fosses communes afin de combler les lacunes de l’État.

Enfin, pour clôturer cet événement, des représentants de la coordination syrienne ont raconté leurs histoires et notamment comment ils ont été victimes de violations des droits de l’Homme, détentions arbitraires et disparitions forcées.

Ce rassemblement fut un réel succès, attirant des dizaines de personnes à tout moment de la journée, malgré les problèmes techniques rencontrés qui ont malheureusement empêché la projection de films et documentaires.